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Etats des Lieux de la culture dans les pays du sud
C'est une lapalissade de dire aujourd'hui que les pays du sud sont matériellement et financièrement moins bien lotis que leurs collègues du Nord. A cette pauvreté matérielle s'ajoute pour certains pays l'absence stratégique d'une politique culturelle bien pensée. Sur le plan opérationnel on constate aussi en dehors de quelques espaces culturels appartenant aux pays occidentaux (Institut Français, Institut Goethe, etc...amp;) l'absence d'espaces de création et de diffusion des produits culturels appartenant C l'état et/ou aux privés nationaux. A cause de l'étroitesse du Marché lié au pouvoir d'achat des populations qui sont pour la plupart contraint de gérer les besoins les plus élémentaires de survie (se loger, se nourrir, se vêtir, etc.), les promoteurs privés hésitent C se lancer dans ce secteur nécessitant de grands investissements sans garantie de rentabilité (Insert Image 1 (FIIAA)). Les privés hésitent ce d'autant plus que, dans beaucoup de ces pays, l'état est totalement absent et n'utilise pas les outils tels que les subventions financières, l'éducation nationale ou les médias publiques pour assurer la promotion de la culture et des arts. Cette situation de manque d'espaces de création et de diffusion des arts et de la culture et de pénurie généralisée confine les artistes et les créateurs de produits culturels dans une paupérisation ou l'artiste doit choisir entre résignation, amateurisme, les voyages ou même l'exil.
La mobilité: Une chance pour les artistes ?
L'absence d'espaces de création appropriés et accessibles poussent de nombreux artistes des pays du sud C solliciter des résidences de création C travers le monde et notamment dans les pays du nord pour se retrouver dans les conditions idéales de création. Le besoin d'espace techniquement bien équipé pour la création des produits culturels n'est pas et ne devrait pas être la seule motivation des artistes. Les voyages permettent aussi aux artistes d'avoir des échanges, des expériences et un dialogue interculturel avec leur pays d'accueil. Ces voyages permettent aussi d'accéder C la diversité et sont très enrichissant pour la création de l'artiste mais aussi pour la diffusion et la commercialisation de ses oeuvres. La possibilité d'ouverture, de partage, l'échange d'expérience interculturelle qu'offre la mobilité devraient être encouragée d'abord dans l'intérêt des artistes mais aussi et surtout dans l'intérêt de la communauté mondiale qui doit tout faire pour offrir de la visibilité et des chances d'expressions C toutes les cultures du Monde.
Cependant et c'est dommage cette mobilité tant souhaité et qui devrait être encouragé rencontre de nombreux obstacles. Quelques artistes hésitent á faire le pari de cette mobilité C cause des barrières de langue.
Comment vivre, échanger, interagir et travailler dans un pays dont on ne parle pas la langue? Comment survivre des mois dans un pays dont on n'est pas sC;r d'apprécier les repas. Comment s'aventurer dans un pays autre, quand on pense C la xénophobie et C un éventuel rejet? Et si le voyage nous révélait comment on est étranger C soi-même?
VoilC entre autres, des appréhensions qui ne sont pas toujours de nature C encourager la mobilité. Mais le plus grand obstacle C la mobilité c'est la dépendance des potentiels voyageurs de l'octroi d'un visa. On n'est pas libre d'aller et venir C cause des barrières frontalières entre les pays et les habitants d'une même planète. Les visas sont exigés pour partir d'un pays C l'autre. En général il est plus facile de se mouvoir quand on voyage d'un pays considéré comme riche pour un pays dit pauvre. Le voyage dans le sens inverse par contre relève souvent de l'exploit. L'apriori du «délit de pauvreté» et le soupçon que tous les «pauvres» qui accéderaient au «Paradis» ne voudraient plus le quitter, sont les raisons majeures pour lesquelles les visas ne sont pas accordés.
De plus en plus on rencontre des artistes ayant obtenus ces «précieux» visas mais qui renoncent au voyage et C la mobilité qui était au départ considéré comme une belle opportunité C cause de l'expérience du mépris et du sentiment de compassion avec lequel le visa leur est octroyé. Par fierté et par orgueil, ils disent non C la compassion et choisissent de continuer de cultiver l'esprit dans l'espace de vie que le destin a choisi pour eux, sans pour autant vivre en isolation dans une quelconque ile, le monde global offrant désormais d'autres possibilités de mobilité.
Enjeu de la mobilité virtuelle.
Ce n'est plus une idée, une possibilité, c'est un fait. A Yaoundé au Cameroun le citoyen moyen reçoit plus de 100 chaines de télévisions C travers le câble. Beaucoup d'artistes pourraient par exemple décider de faire un travail en s'inspirant de l'actualité socio-politique et économique d'un pays autre ou d'une région quelconque. Il pourrait par ailleurs compléter ces informations avec la lecture des journaux sur Internet, discuter dans les différents forums avec les citoyens de ces pays des sujets qui l'intéresse et tirer de l'actualité de ce pays ou de cette région le sujet ou l'objet de son travail d'artiste.
Les artistes ont la possibilité s'ils le souhaitent C travers la mobilité virtuelle de sortir du local pour appréhender le global. De plus en plus des artistes C travers le monde travaillent sur des projets communs de long mois en s'échangeant sur Internet sans s'être jamais rencontré ou avant de le faire. Ces différentes expériences sont enrichissantes parce qu'elles permettent aussi C travers de telles démarches de comprendre l'angle d'approche et l'influence du Background des différents artistes sur le travail rendu.
De plus en plus d'artistes ont des sites Web qui leurs permettent de faire connaitre leur travail et de mieux le vendre. Un artiste plasticien peut faire connaitre et vendre ses oeuvres C travers une galerie virtuelle personnelle ou celle d'une plate-forme d'artistes. Un artiste humoriste peut diffuser les vidéos de ses «One man show» sur les Réseaux sociaux et sur You Tube et le vendre par téléchargement en support numérique sur les sites spécialisés. C'est vraiment devenu possible aujourd'hui d'accéder C la diversité, de pouvoir s'échanger, de partager les expériences et de se servir des possibilités de cette mobilité virtuelle pour créer et pour diffuser les oeuvres culturels.
Si la mobilité virtuelle vient ouvrir de nombreuses perspectives aux artistes, notamment une ouverture d'accès aux contenus et au marché du nord, force est de reconnaitre que la fracture numérique n'est pas de nature C augurer d'une exploitation optimale d'une telle possibilité. Une fois de plus les pays du sud sont C la traC.ne et ceci pénalise le développement des arts et de la culture dans ces régions. Des Investissements conséquent dans le domaine des technologies de l'information et de la communication pourraient permettre au pays du sud de tirer profit des avantages qu'offre la mobilité virtuelle dans le domaine culturel. Ici aussi, les surprenantes barrières frontalières entre nos états du sud pourraient être levé par cette nouvelle forme de mobilité et permettre plus que par le passé aux artistes des pays d'une même région géographique d'être plus facilement en contact et d'envisager des projets communs.
C'est clair et il faut aussi le dire ici, la mobilité virtuelle et les possibilités qu'elle offre ne devrait pas être une raison pour renoncer C la mobilité physique des artistes qui ont besoin de sentir les odeurs, de toucher les objets, de prendre en considération les gestes lors d'un échange etc. on doit aussi s'interroger sur la capacité de cette mobilité virtuelle C aider C l'augmentation de la demande du marché des produits culturels dans nos pays. Si nos marchés culturels ne peuvent pas permettre aux artistes de vivre de leur art, le risque est grand qu'ils soient contraint de choisir entre l'amateurisme et l'exil. Ce qui conforterait certains consulats dans leur position et dans leur rôle et mettrait C mal la mobilité.
Si le développement économique et son corollaire le pouvoir d'achat tardent C servir le marché de l'art dans les pays du sud, on sera sans doute contraint C penser C une autre forme de mobilité, celle de l'esprit. Il s'agira alors d'inverser la pyramide de Maslow pour nourrir et cultiver d'abord l'esprit avant de nourrir le corps. Les artistes pourraient être pour leur intérêt propre, les précurseurs d'un tel paradigme. Un paradigme qui devrait rencontrer une résonance favorable auprès de l'opinion? Compte tenu de l'équation de plus en plus difficile de nourrir une population grandissante avec des ressources limitées.
André, Kounchou Feze: A étudié Tourism management et Gestion des Projets et création d'entreprise en Allemagne et en France. Passionné de Culture, il retourne dans son pays le Cameroun et travaille comme coordonnateur d'un Programme de Volontaires C la coopération allemande avant de créer FIIAA, La Maison des Loisirs et de le Culture